HISTORIQUE

Palais de l'Académie Malgache

Institution conçue et inaugurée en 1862 par le Roi Radama II sous le nom de  Academy. C’est le Jeudi 27 février 1902, à 15 heures, dans le grand salon du Gouvernement Général, à l’actuel palais d’Etat d’Ambohitsorohitra, que le Gouverneur Général, en la personne du Général Galliéni, a ouvert solennellement la réunion d’inauguration de l’Académie malgache, créée par l’Arrêté du 23 janvier 1902 et placée, selon les termes mêmes de cet arrêté, sous la protection et le haut contrôle du Gouverneur Général.

Au cours de cette première séance, un bureau a été constitué avec comme premier président élu l’architecte principal Antony Jully, Chef du Service des bâtiments civils. Sur sa remarque relative à la nécessité d’un local spécial dans l’intérêt des travaux à entreprendre, le Gouverneur Général « donne l’assurance que dès que l’Académie aura fait preuve de sa vitalité, il n’hésitera pas à la pourvoir d’un bâtiment présentant toutes les commodités désirables et dont l’aspect extérieur répondra à l’importance de sa destination ».

Conformément à l’article premier de l’Arrêté du 23 janvier 1902, l’Académie malgache « a pour but l’étude approfondie, méthodique et raisonnée de la linguistique, de l’ethnologie et de la Sociologie malgaches. Ses investigations auront notamment pour objet de rechercher les origines de la langue malgache…, d’en découvrir et d’en fixer définitivement les règles, de s’occuper également de toutes les questions qui peuvent intéresser la connaissance du présent et du passé de la Grande Ile, de celles concernant l’histoire, les arts, la littérature, les institutions sociales, politiques et juridiques de l’ancienne société malgache… ».

Les membres appelés à poursuivre ce but étaient relativement limités : 12 titulaires, 30 sociétaires. Par contre le nombre des correspondants étaient illimités.

En examinant la composition des premiers membres titulaires on s’aperçoit que dès le début, l’Académie a été pluridisciplinaire, multinationale et œcuménique, avec la présence d’architecte, de médecin, d’administrateur, d enseignant, de pasteur protestant, de prêtre catholique, de Britannique, de Norvégien à côté des Français et des Malgaches. Cette caractéristique a traversé l’épreuve du temps et continue à subsister de nos jours.

De 1902 à la fin des années 20, les spécialistes de la linguistique et de la philologie ont marqué de leur empreinte les travaux de cette période.

En 1902 : la compétence de l’Académie s’est étendue à « toutes les questions historiques, littéraires et scientifiques concernant la Grande Ile» conformément à l’arrêté du 15 mars 1912. La paléontologie, la géologie et les sciences biologiques sont vite abordées.

Dans les années 30 : les sciences morales et politiques puis les sciences de la nature dominent les autres branches. L’Académie joue un rôle très important pour une meilleure connaissance

du pays. Un Institut de Recherche Scientifique ne sera créé qu’en 1946, sous la dénomination « Institut de Recherche Scientifique de Madagascar » (IRSM).

En 1952 : 50ème anniversaire de l’Académie malgache présidée depuis 1948 par le Professeur Millot, directeur de l’IRSM – médecin, anthropologue, également directeur du musée de l’Homme à Paris. Des personnalités du monde scientifique et des délégués de sociétés savantes étrangères sont venues aux cérémonies du cinquantenaire. Une plaquette a été éditée, faisant le bilan des publications de l’Académie pendant ce demi-siècle et donnant une bibliographie des écrits sur l’Académie. Il est fait, par discipline une brève relation des travaux marquants entrepris par les membres.

1958 : début de malgachisation, élection du premier président malgache de l’Académie, le Docteur Paul Radaody-Ralarosy, grand érudit, docteur en médecine, pasteurien bien connu.

1969 : la malgachisation se poursuit. L’Académie est placée sous la haute protection du Chef de l’Etat. Un important décret la réorganise et crée dans sa structure quatre sections spécialisées pour mieux appréhender le développement :

– langues, littérature et arts ;

– sciences morales et politiques ;

– sciences fondamentales ;

– sciences appliquées.

Chaque section comprend : 1 Président – 1 Vice-Président – 1 Secrétaire perpétuel. Les Présidents de section sont les vice-présidents de l’Académie. Le nombre des membres résidant à Madagascar est augmenté d’une manière appréciable 40 titulaires – 40 associés, compte-tenu, notamment, du nombre de plus en plus important des jeunes chercheurs et intellectuels malgaches de la jeune génération montante, dans toutes les disciplines.

Les correspondants sont limités à 120. Des membres non résidents dans les différentes catégories sont prévus. Leur nombre est limité à 60.

Ce décret a permis, pour la première fois, des colloques, tables rondes à niveau international dont Ies objectifs ont renforcé la vocation de l’Académie à être un carrefour d’hommes et de femmes de lettres, de scientifiques, d’universitaires, d’opérateurs économiques. L’Académie a franchi une nouvelle étape : celle d’une recherche plus élargie, plus pragmatique, plus proche des préoccupations de l’heure.

En 1973 : élection du Docteur Césaire Rabenoro, docteur en pharmacie, docteur d’état en sciences politiques, ancien ambassadeur, ancien ministre, comme deuxième président malgache et cinquième

président de l’Académie aprés Ie décés du Docteur Radaody-Ralarosy. La recherche de la malgachéité dans tous les domaines et les efforts pour faire ressortir les valeurs malgaches sont intensifiées avec comme objectif l’épanouissement du citoyen malgache ainsi que le développement économique, social et culturel du pays. Une période d’intense activité s’ouvre, grâce en particulier, à un

rayonnement aussi bien national qu’international de l’Académie. (Europe — Amérique — Asie – Afrique)

En 1977 : 75ème anniversaire marqué par l’organisation de trois colloques internationaux avec la participation d’une centaine de savants de 13 pays différents et la création de 5 comités académiques provinciaux dans le sens de la décentralisation.

1993 : Un décret améliore celui de 1969. C’est ce décret de 1993 qui régit actuellement l’Académie. Il  lui confère la dénomination d’Académie nationale des Arts, des Lettres et des Sciences pour mieux marquer sa vocation nationale — sa vocation sur toutes les disciplines et non seulement sur les questions linguistiques, ce qui permet d’éviter toute confusion. L’Académie, déja placée sous la haute protection du Chef de l’Etat est mise sous l’autorité morale du Premier Ministre et sous la tutelle financière du Ministre chargé des finances. Les comités académiques régionaux sont institutionnalisés – Le nombre des membres résidant à Madagascar est de nouveau augmenté ( 80 titulaires – 80 associés — 120 correspondants soit au total 280). Un comité de lecture est institué pour veiller an niveau des travaux— l’objectif étant le niveau international. Quant aux membres non résidents, toutes sections confondues, leur nombre est porté à 120 au maximum. Les attributions du Bureau et du Chancelier sont mieux définies.

La section : langues, littérature et arts de 1969 devient : sciences de l’art et du langage.

La science apparaît dans toutes les disciplines. La démarche scientifique se trouve ainsi à la clé de tout développement. A partir de 1993, 2 journées sont organisées pour la mise en valeur de la langue malgache. En 1993, un Centre des langues a été créé tendant notamment vers le même but de mise en valeur.

1996 : Deux accords de coopération sont conclus l’un avec I’Académie des Sciences de France, l’autre avec l’Académie des Sciences de Russie. ils ont été signés respectivement à Paris et à Moscou. Parallèlement, les relations établies auparavant notamment avec la Fondation internationale pour la Science de Suède – l’Académie des Sciences du Tiers-Monde, l’Académie des Sciences de l’Afrique, l’Union Académique internationale sont intensifiées.

2002 : Centenaire de l’Académie malgache devenue entre temps Académie des Arts, des Lettres et des Sciences, couramment appelée Académie malgache.